2018/12/29

Quelques retours de stages 2018 à l'Entre Lieu


 …….«  Mon expérience Butô a commencé en 2013. Jean Daniel et Céline organisaient des stages depuis quelques années dans les Pyrénées Orientales, région où je réside.

Ce fut un déclencheur pour moi de reprendre la danse que j’avais délaissée depuis quelques années, ma vie de famille ayant pris le dessus.

Le dernier stage auquel j’ai participé en novembre 2018 a été le plus bouleversant.
Peut-être parce que c’était le dernier en date mais certainement aussi parce que j’étais complètement immergée dans l’univers de Jean Daniel et Céline.
Nous étions dans ce lieu magnifique qu’ils ont nommé à juste titre « L’entre-Lieu » dans un village, Larchant, près de la forêt de Fontainebleau. 

J’ai pu y découvrir de nouvelles propositions toutes aussi belles les unes que les autres. Raffinement et beauté.
Leur travail a beaucoup évolué depuis les quelques années où j’ai commencé. Le fait qu’ils soient dans leur univers permet d’étendre les possibles aussi loin qu’ils le souhaitent.

J’ai beaucoup de souvenirs sur ce qu’il s’est passé durant ces cinq jours de stage de novembre. Des moments précis de joie mais aussi des pleurs. C’est une profonde exploration intérieure qui fait appel à tout ce que l’on a pu vivre et ce que l’on vit.

J’ai appris qu’il fallait enlever couche après couche pour n’être réduit qu’à l’essentiel. C’est une abstraction de tout notre être. Tout ce que l’on peut ressentir dans la joie mais aussi dans la peine doit être répandu dans tout notre corps, cette émotion doit l’envahir tout entier et la transcender pour pouvoir l’offrir au for extérieur. Mais toujours sans aucun jugement. Ouvert. Avec bienveillance.

Le travail de Jean Daniel et Céline dans la pratique du Butô m’a inspiré dans mon travail de peintre. C’est là que j’ai commencé à vouloir réunir ces deux pratiques, la danse et la peinture. De là sont nées mes expériences graphico-dansées. C’est une source d’inspiration et d’expiration. » …...

Mylène Montana
20/11/18


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" Au début, je ne savais pas. Ni ce que je faisais là, ni ce qu'ils attendaient de moi. J'avais peur et je ne comprenais pas. Et puis, au fil des heures et des expériences, c'est comme si cela n'avait pas d'importance. Parce que ce que j'étais en train de vivre était bien plus présent.  Ce que j'étais  en train de vivre... savait fissurer mes peurs.

Alors, j'ai dansé. Et j'ai essayé même les propositions impossibles. Et c'était jouissif, de ressentir le Butô qui se dispersait jusqu'au coeur de mes cellules. Qu'il me permettait de savourer mon corps dans ses limites et dans ses possibles. Dans ses espaces fragiles, dans ses fragments d'émotions et ses impossibles souvenirs, dans le vivant et le mort.  D'explorer ce monde intérieur, tout le temps là et parfois si loin. Encore au- delà. De le rallier à l'autre monde, l' extérieur. D'expérimenter le geste, pour créer ce lien.
De me sentir vivre et mourir dans un même instant. De ne plus penser mais de rechercher. D'essayer.
Le Butò nourrit mon corps, mon âme, mes rêves, mon présent et mon propre travail artistique.

Céline et Jean Daniel, dans leurs êtres si particuliers, conscients et complémentaires savent m'amener sur des chemins inexplorés, au travers de cette danse illimitée, qui réunit tant de formes d'arts. Des chemins qui me ramènent au centre de la vie. Dans mon propre cœur. Au présent. Ils savent m'accompagner là où je n'ai encore jamais été.

Leurs regards bienveillants, leurs ouvertures sans jugements, leurs idées si riches et hautes... les échanges artistiques, ce tout si exquis à mes yeux, me permet d'oser. D'être, un peu plus. C'est une expérience à vivre. Sans retours.

Au- delà de la générosité et de l'attention offerte dans ces instants, le cadre extraordinaire de leur lieu, le sommeil magnifique et le soin précieux apporté aux repas offre une expérience profonde et sécurisante.

 Du fond du corps, merci. "

Coquelicot de Perrot
26/08/18

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" Merci au  Butô, à Jean Daniel et à Céline qui me le transmettent au plus proche, au plus vrai de ma source.
Ma danse Butô…C'est plus fort que moi, impossible de me contredire dans le mensonge. Tout ce que je rencontre ici est à l'intérieur.
Quelque soit le lieu, la forêt, nos différents points de rencontre, la sablière, le creux de la terre, ce que je perçois est ma vérité.
Lorsque je danse avec la Vie, toutes mes peurs deviennent un lointain souvenir. La Vie se vit, elle ne se pense pas et le butô me permet d'y accéder.
J'ai reçu ce que je donne, en faisant le choix de l'Amour, j'avance vers le bon, le doux, le tendre et la conscience.
Merci à tous
Merci Céline
Merci Jean Daniel "

Françoise Riou dite Sho Nin
17/08/18

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" Témoignage stage juillet 2018

L’été est chaud. Acre. Pierres vieilles déchirées sous les oiseaux virgules. Atteignons l’état où tout est signe. Il s’agira de « récolter du sensible » : c’est une rencontre avec un espace de liberté.
A Larchant, l’église en ruines est noire au dehors pour être claire au dedans. Ses murs épais aux larges contreforts tranchent la rue en des pans massifs. Mais sitôt qu’on y entre, sitôt qu’on y entre, c’est une débauche de lumière sous les vitraux de fête.
Là-bas et ici, il y a aussi la forêt. Il y a ses couleurs. Tantôt brûlées, tantôt humides.
Et quand les mots italiques sont dits et que la musique se love au creux du silence si dense, il y a leurs yeux fous dont l’ardeur sidérante est un fil tendu sur l’abîme. Comme la béance de cette pierre dont mon corps cherche à habiter l’endroit et l’envers. Puisque
« je commencerai par être l’empreinte digitale de la mort dans la vie ».
Dansons. Dansons.
Céline et Jean-Daniel nous donnent à étirer notre peau pour nous en faire des filets, zone sûre au-dessus du précipice que l’on apprend à creuser dans notre propre chair. Comme Gilgamesh, il faut tenir. Tenir en aveugles dans la nuit devenue dense dont la texture doit être lue par chacun des points de notre peau infinie. Car
« si tu es dans la solitude et que tout autour de toi est froid et infini, alors tu t’es éloigné de l’homme mais tu t’en es rapproché comme jamais auparavant ».
Dansons. Dansons.
Il y a dans la bibliothèque des pages qui attendent d’être tournées : toujours, des histoires de danse, de présence et de sacré. Au creux de l’une d’elles, l’immuable extase d’Akira Kasai, fixée ici dans un pli, est probablement la plus belle vision qu’une mauvaise mise en page ait pu créer.
Sur la
Voie du Butô, Tatsumi Hijikata se demande : « Pourquoi ne pas planter un escabeau dans son propre corps et descendre en soi ? Je crois qu’ils devraient tenter d’arracher et de manger les ténèbres de leur propre chair».
Sous ma peau, la nuit est si belle. "

Claire Przl